Avant-premières de REPRENDRE au Delta - Printemps 2020
26-11-2019Ce texte a été finalisé en immersion du coté de Bobo-Dioulasso au Burkina Faso. Cette immersion d’une durée de 35 jours impliquait toute l’équipe de création (comédien(ne)s, co-metteurs en scène, co-auteurs, scénographe et technicien). Elle s’est faite autour des masques sacrés et rituels Bôbô et a mobilisé 4 villages partenaires, mais aussi des spécialistes et intermédiaires de l’entité de Sya.
La pièce débute en Belgique, dans une ville de province, puis bifurque au Burkina Faso, quelque part près de Bobo-Dioulasso, pas loin de la Côte d’Ivoire. À Kapouy, un village dioula devenu presque fantôme, de plus en plus déserté par ses habitants, principalement les jeunes qui sont partis vers la ville la plus proche ou la capitale pour chercher du travail et fuirent les affrontements intercommunautaires. Sorte de no man’s land à la sauce africaine.
N'Zékou, la cinquantaine, s'est exilé en Europe. Cela fait 30 ans de cela. Là bas, il vient d'apprendre qu'il est atteint d'une grave maladie. Depuis ce jour, quelque chose s’est renversé en lui. Il est déboussolé, et ne comprend plus rien à rien. Il décide de rentrer dans son village natal au Burkina Faso.
Kapouy a bien changé et semble déserté. Un vrai bordel au carré comme l'écrit Ahmadou Kourouma. Commence alors pour N'Zékou, une errance vertigineuse qui frappe l’Africain exilé du monde traditionnel, de son moi véritable. Des liens se nouent, d’où surgissent une parole vraie chargée de remords et non-dits, de questions et remises en question, de souvenirs et d’espoirs déçus, avec le poids des ancêtres et des masques sacrés qui observent tout cela d’un œil malicieux et provocateur. Le passé remonte à la surface, reflue, avec ses effluves d’échecs avoués, ses mots toujours qu’on regrettera d’avoir prononcés un jour, des mots qu’on n’aurait jamais dû sortir, des mots qu’on aurait dû simplement avaler.
On assiste à travers cette histoire digne d’une épopée, à une mise à nu de la déchéance à la fois physique, psychologique et culturelle d’un être, N’Zékou, mais aussi d’un village et de ses habitants, sans oublier la question sur le devenir des mythes Africains. Une mise en abîme d’un monde qui révèlera plus tard le secret bien enfoui du village de Kapouy.
Un monde réclamant une révolte qui ne vient pas.
REPRENDRE est donc une pièce de trajets, d’allers et retours, jusqu’à ce que le héros achève son processus de libération, qu’il atteigne le très ironique et incertain statut de fils prodigue émancipé. Frontalité primitive et de mise en crise de la représentation. En filigrane pourtant - si l’espoir semble malgré tout encore possible - la réconciliation.. Résister au pessimisme radical et le rendre ambigu, car cette histoire aristotélicienne pourrait être vraie. Elle est une reprise en mains de ce que nous croyons être : des hommes et des femmes en quête d’absolu. Vivre et mourir, ce n’est peut- être que ça : Résister et espérer. Et puis, il s’agit de laisser ouvertes les déchirures ou les déséquilibres d’un monde réclamant une révolte qui ne vient pas.
Nous serons en résidence pour une seconde étape de répétitions qui aboutira en mai 2020 à deux avant-premières les 15, & 16 mai au Delta à Namur.
Distribution : Ansou Diedhiou, Edoxie Gnoula, Vincent Kabore, Salifou Kientega, Benoît Verhaert
Texte : René Georges, avec le regard complice de Mahamadou Tindano
Mise en scène : René Georges & Salifou Kientega
Scénographie & costumes : Issa Ouedraogo
Nous bénéficions de la Commissions mixte WBI- Burkina Faso, d’une aide de la Province de Namur et de la Ville de Namur et sommes accueillis au Delta et aux Abattoirs de Bomel (Namur).
Photo: Xavier Istasse
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